Ma démarche/My approach

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LA PORTE DE MIDI…

Il m’arrive souvent de marcher seul pendant de longues heures, et comme vous, je vois midi à ma porte. Ce soleil au zénith, en révolution permanente, nous l’avons en commun.

J’en ai pourtant un point de vue irremplaçable. Comme vous.

Relier pensée et sensations qui parviennent de la réalité générale m’importe avant tout. Qu’on les sépare m’insurge.

j’ai concentré mon travail sur mon écriture irrégulière et heurtée de gaucher contrarié.

Sur une feuille ou un écran blancs, j’écris mes pensées au fur-et-à-mesure. Quand je parviens en bas de page, je réécris par-dessus les premières et ainsi de suite, jusqu’au moment où je déciderai d’arrêter l’empilement. Ainsi enchevêtrées au fil de l’eau,  les pensées initiales ne se distinguent pratiquement plus. Vous le verrez. Dans l’accumulation de sentiments intriqués, se fait jour un tissage d’intentions formelles, voire de décisions. Je peux les répéter ou non. Lisibles, illisibles, c’est selon. Accentuer, atténuer, mais jamais effacer. Car, vous aussi, vous ne sauriez effacer vos pensées, pas plus que vous ne sauriez dire avec précision ce que vous pensiez il y a deux minutes et dix sept secondes.

J’appelle cela la “sur-calligraphie”. Pourquoi cette démarche… sur une main ?

Avant tout c’est jubilatoire, j’y suis libre et authentique avec moi-même. Cela se construit en soi, pour moi et finalement pour vous.

Après coup, dès lors que mes travaux sont fixés sur le papier, les traces de gestes en font des révélateurs. Ils sont, comme toute écriture, à mes yeux aussi expressifs de la réalité générale que la peinture —figurative et non-figurative—, que la photographie et le cinéma. Je les perçois souvent comme instantanés de poèmes musicaux. J’en ressens du plaisir que je veux partager. Je sais que beaucoup d’artistes ont cela en commun.

Enfin, je préfère témoigner plutôt que conserver. Certes, ma vie qui finira un jour —beau je le souhaite— n’est ni plus ni moins intéressante que la vôtre. Je souhaite seulement apporter mes petits torons à la trame commune. Le titre d’un de mes travaux est “on ne peut être vraiment seul sans les autres”.

Aux côtés de millions de personnes humaines en butte à la décomposition sociale, à l’oppression et l’exploitation, je veux affirmer que, tour-à-tour acérée, brûlante, sereine, douloureuse, attaquée, défendue, la vie humaine est fabuleuse !

Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait” aurait écrit Mark Twain.
Nous transformerons midi et ouvrirons toutes les portes.

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 OPENING THE DOORS…

 I often walk alone for long hours, and like you, at noon, I see the sun above. This sun at its zenith, in permanent revolution, we all have it in common.

Nevertheless, I have a unique point of view of it. Just like you.

Connecting thought and sensations which reach us from the real world is most important to me. Separating them revolts me.

As a frustrated left-hander, I have centered my work on my irregular and awkward hand-writing.

On a white sheet of paper or on a white screen, I write my thoughts as they come to me. When I reach the bottom of the page, I continue to rewrite over the first ones until I decide to stop the stacking process. In this way as they are intertwined along the way, the initial thoughts become practically indistinguishable. You will see. In the accumulation of intricate feelings, a weaving of formal intentions, even decisions. I may or not repeat them. Legible, illegible, it all depends. Highlight, minimize, but never erase. Because, you too, would not know how to erase your thoughts, any more than you would not know how to say precisely what you were thinking two minutes and seventeen seconds ago.

I call it “over-calligraphy”. Why take these steps… on one hand ?

Above all it is exhilarating; I am free and honest with myself. It builds itself, for me and finally for you.

Afterward, as soon as my works are fixed on paper, the traces of gestures produce revelations. They are, as any writing, for me just as expressive of general reality as painting – figurative or non-figurative, as photography and as films. I often perceive them as snapshots from musical poems. I feel a pleasure which I want to share. I know that many artists have this in common.

Finally, I prefer to testify rather than to preserve. Certainly, my life, which will end one day – a beautiful day I hope, is neither more, nor less interesting than yours. I only wish to bring my small strands to the common weft. The title of one of my works is “we cannot be really alone without the others”.

Alongside millions of humans confronted with social decomposition, with oppression and with exploitation, I want to assert that, in turn razor-sharp, passionate, serene, painful, attacked and defended, human life is fabulous !

As Mark Twain wrote “They did not know that it was impossible, so they did it”.

 We will open all the doors and push through into the sun.